Samedi 15 Janvier 2011 15:10
Après le dénouement qu’a connu l’affaire portant sur l’enlèvement de deux ressortissants français à Niamey, qui s’est hélas soldé par le décès des otages et de trois gendarmes nigériens, les observateurs, à commencer par les autorités politiques françaises, étaient unanimes à reconnaître et à saluer la farouche détermination et la diligence avec lesquelles les autorités nigériennes ont réagi en engageant prestement nos Forces aux trousses des ravisseurs en vue de libérer les deux ressortissants français. Malheureusement, alors que les familles des victimes et l’ensemble de la communauté internationale restent encore sous le choc de l’issue fatale de l’opération, la polémique enfle entre Paris et Niamey sur les contours de l'assaut conjointement mené par les forces nigériennes et françaises. La première contradiction est apparue lorsque, mardi dernier, le Premier ministre français annonçait que les forces armées françaises avaient tué quatre ravisseurs et remis deux membres de l'Aqmi aux autorités nigériennes. Une information qui a été aussitôt démentie par les autorités nigériennes qui affirment et maintiennent que le Niger ne détient "aucun terroriste" membre présumé d'Aqmi impliqué dans l'enlèvement des deux otages français. En fait de terroristes détenus, Niamey précise qu’effectivement deux individus ont été appréhendés à l’issue de l’opération. Or, cela a été clairement affirmé et reconnu par la délégation française conduite par le ministre français de la Défense lors des échanges avec les autorités nigériennes, aucun des ravisseurs n’est actuellement gardé en détention.
Et, comme pour en rajouter à la polémique, la France, par la voix du porte-parole du Ministère français de la Défense, est réapparue sur la scène médiatique, hier jeudi, pour soutenir que plusieurs personnes revêtues de l'uniforme de la gendarmerie nigérienne tuées ou blessées lors de l'assaut final «ont combattu, participé à l'action» contre les forces françaises. Puis d’ajouter, "il appartient aux Nigériens de donner des éléments de réponse" sur ces personnes. Ainsi, plus qu’une insinuation, c’est une accusation clairement formulée qui pèse aujourd’hui sur les vaillants éléments de nos FDS qui se sont sacrifiés pour la cause des otages. Et ceci comme pour entretenir délibérément quelques zones d’ombre sur certains détails de l’opération. En tout cas, tous les éléments sont là pour prouver que les gendarmes nigériens mobilisés dans cette opération ont joué le jeu, tel qu’on pouvait l’attendre d’eux. Ils ont affronté courageusement les ravisseurs, avec la seule volonté et la ferme détermination de sauver la vie des deux otages français. Tout ceci, pour dire que cette polémique n’a pas sa raison d’être. D’abord parce que, sur la contribution des forces nigériennes dans la relative réussite de l’opération, il ne se pose aucun doute. En plus, entre la France et le Niger, il ne saurait y avoir de divergences dans cette affaire. Les autorités ont clairement souligné leur ‘’ferme engagement dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes’’, la France aussi. L’on ne saurait donc perdre de vue que l’ennemi commun, c’est l’Aqmi. Et, pour être sûrs de gagner le pari d’éradiquer le mal, nos deux pays ont plus intérêt à accorder leur violon, plutôt qu’à verser dans cette polémique inutile et proprement gênante. Aussi, il revient aux deux pays de cultiver la solidarité pour enfin combattre avec la dernière énergie le mal dans sa diversité.
Assane Soumana
15 janvier 2011
publié le 14 janvier 2011
Source : Sahel Dimanche
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