AFP - Publié le 25/02/2011 à 16:40
Niger/otages: une Française, un Togolais et un Malgache libérés

« Le marché pétrolier est extrêmement tendu actuellement. La situation est suffisamment critique pour que les Etats exercent eux-mêmes une autocensure sans que Kadhafi ne les menace de fermer le robinet de brut. »Depuis la fin de l'embargo sur la Libye déclaré en 1999, Kadhafi a attisé la compétition entre les puissances occidentales gourmandes en pétrole. Le Guide a abandonné ses habits de terroriste et ouvert ses exploitations pétrolières aux pays étrangers. Le régime est alors devenu fréquentable aux yeux des Occidentaux. L'Italie, la France, l'Allemagne et surtout la Grande-Bretagne ont sauté sur l'occasion.
« Il a mis en place une politique d'arrosage visant à faire taire toute contestation au niveau national, mais aussi international : il a financé des groupes d'amitié franco-libyens par exemple.Selon Bertrand Badie, la situation libyenne actuelle montre que la mondialisation a permis à n'importe quel pays de se doter de moyens de pression :
L'Italie et l'Allemagne forment la police libyenne, car le régime paye cash. Les pays étrangers se retrouvent prisonniers de cette relation avec le pouvoir. »
« Dans un contexte d'interdépendance croissante, les puissances sont condamnées à la prudence : chaque Etat a une influence grâce à sa capacité de déstabilisation. »
« La possibilité que le verrou libyen saute est une grande angoisse, quasiment obsessionnelle, de l'Occident. »Cela inquiète particulièrement l'Italie : le pays craint un nouvel afflux massif d'immigrés, après l'arrivée à Lampedusa de plusieurs milliers de Tunisiens suite à la chute de Ben Ali.
« Aucune tribu ne peut en dominer une autre et nous plongerons dans la guerre civile. »L'organisation particulière de la Libye, structurée autour de grandes tribus alliées à Kadhafi, est également prise en compte par les puissances étrangères. Certaines viennent de prendre leurs distances avec le régime. La Warfalla, allié historique de Kadhafi et pilier du régime, a ainsi condamné lundi la répression.
« La Libye est le seul pays qui n'a de compte à rendre à personne. »Dans ce contexte, les pays étrangers observent prudemment l'évolution des alliances tribales. Une source diplomatique française détaille :
« Les Occidentaux maîtrisent très peu la structure et les rapports inter-tribus. Ils attendent d'en savoir un peu plus avant d'agir, car ils ne connaissent pas vraiment les forces en présence.
Sur qui exactement s'appuyer en Libye ? Est-ce une révolution contre Kadhafi ou le fait d'une tribu qui cherche à s'imposer sur les autres ? Si oui, laquelle et quel est son projet politique ? »
« En cas d'agression, on ne sait pas de quoi Khadafi est capable, ni quelles sont exactement ses capacités militaires ou ses alliances dans la région. Dans la mesure où il est prêt à sacrifier son propre peuple, on ne sait pas jusqu'où il peut aller et ce n'est pas pour rassurer les Occidentaux. »Les pays limitrophes, cantonnés dans un rôle inférieur par Kadhafi, s'inquiètent aussi du sort de leurs ressortissants en cas d'intervention étrangère. D'après les sources officielles de chaque pays, il y aurait entre 50 000 et 80 000 Tunisiens et environ 1,5 million d'Egyptiens en Libye.
« Ce type de diplomatie n'est utilisé que quand ça nous arrange et il a en plus montré ses faiblesses. Aujourd'hui, plus personne ne croit sincèrement en elle. »
Les moeurs politiques en danger: l’émergence d’une nouvelle élite politique s’impose |